Revue de décembre 2017 - Le cygne de Bewick
Répartition et statut
Les cygnes de Bewick sont des migrateurs. Ils se reproduisent dans la toundra arctique de la Russie, de la péninsule de Kara vers l’est à travers la Sibérie.
Les oiseaux qui nichent à l’ouest de la péninsule de Taïmyr, migrent à l’automne vers le sud-ouest à travers la mer Blanche et les états baltes aux zones côtières peu élevées de l’Europe du nordouest.
La plupart hivernent au Danemark, aux Pays-Bas et au sud de la Grande-Bretagne et de l’Irlande.
De petits nombres hivernent en Allemagne de l’Ouest, en Belgique et lors des hivers rigoureux aussi en France.
Une population beaucoup plus petite hiverne le long de la côte sud de la mer Caspienne en Iran.
Les oiseaux qui nichent à l’est de la péninsule de Taïmyr hivernent dans les zones côtières peu élevées du Japon, la Corée et la Chine de l’Est.
Bien que les cygnes de Bewick soient protégés dans la majeure partie de leur répartition, ils sont encore régulièrement tirés et chez un grand nombre d’oiseaux vivants le corps contient du plomb, ce qui peut conduire à un empoisonnement au plomb !
Ils sont également menacés par la perte de leur habitat en raison du drainage des zones humides, l’exploration pétrolière et gazière et la pollution par les hydrocarbures.
Biotope
Pendant la saison de reproduction les cygnes de Bewick demeurent dans la toundra dégelée de la Sibérie arctique aux étangs peu profonds, des lacs et des marais avec beaucoup de végétation immergée et émergée, ainsi que des rivières peu profondes à faible débit et des estuaires.
En hiver, ils préfèrent les eaux douces côtières, y compris des lacs et des prairies inondées avec des zones agricoles avoisinantes, mais aussi des baies abritées et des lagunes.
Aux Pays-Bas, ils se trouvent sur le Lauwersmeer, le Veluwemeer et l’Ijsselmeer après leur arrivée en automne, où ils mangent principalement des tubercules d’hiver de potamot.
Plus tard, ils se dirigent vers les pâturages pour y paître l’herbe riche en protéines et vers les champs où ils se régalent du maïs déversé et des pommes de terre. Ils sont également observés régulièrement près des grandes rivières et dans le delta. Pendant les hivers doux les Pays-Bas abritent 75 % de la population mondiale, mais pendant les hivers rigoureux
les cygnes de Bewick migrent vers la Grande-Bretagne. Cependant, ces dernières années, ils y sont moins nombreux, probablement en raison du réchauffement climatique.
Alimentation
Les cygnes de Bewick mangent principalement des graines, des parties vertes de plantes, des racines et tubercules de plantes aquatiques, comme par exemple la zostère (Zostera).
Sur terre, ils paissent l’herbe et la végétation herbacée. Ils consomment les glycéries (Glyceria) et les agrostides (Agrostis) surtout dans les zones inondées. En hiver, dans certains pays, notamment en Angleterre et au Japon, l’alimentation naturelle des cygnes de Bewick est complétée par des grains. Les insectes et les invertébrés ne représentent qu’un petit pourcentage de l’alimentation.
Description
Le cygne de Bewick est la plus petite espèce de cygne septentrional.
Longueur : 115-140 cm. Envergure : 1,80 à 2,10 m. Poids moyen : mâle 6,4 kg, femelle 5,7 kg.
Les deux sexes ont un plumage blanc identique, les yeux brun foncé, le bec noir avec une partie jaune à la base et les pattes et pieds noirs. La tête et le cou peuvent avoir une teinte rouille à cause de la recherche de nourriture dans de l’eau riche en fer.
Il ressemble au cygne sauvage mais il est plus petit et la tête, le bec, le cou et le corps sont plus courts. La partie noire de la mandibule supérieure est plus grande que la partie jaune, ce qui est l’inverse chez le cygne sauvage. La tache jaune sur la mandibule supérieure n’est pas pointue et ne s’étend pas jusqu’aux narines ou même en dessous, mais seulement jusqu’au milieu de la mandibule supérieure et elle est arrondie ou irrégulière. Une autre caractéristique du cygne de Bewick est qu’il garde souvent le cou étiré vers le haut.
Les cygnes de Bewick sont quasiment devenus le symbole de Slimbridge. Ils y hivernent chaque année en grand nombre et ils y sont soigneusement étudiés. Il a été déterminé, entre autres, qu’il est possible d’identifier chaque individu par le dessin jaune sur le bec.
Comportement
Les cygnes de Bewick doivent courir sur l’eau sur une grande distance en battant des ailes pour pouvoir s’envoler. Ils volent en V à haute altitude. En vol, ils peuvent être confondus avec des cygnes sauvages, mais les cygnes de Bewick ont un battement d’ailes un peu plus rapide.
En vol autant que sur la terre et dans l’eau ils émettent des sons forts et hauts qui sont moins aigus que ceux du cygne sauvage. Ces sons sont décrits comme des coups de klaxon ou des jappements. En groupe, ils conversent en faisant des sons « oup » doux et assez creux.
Ils deviennent agressifs en saison de reproduction, mais en dehors ils sont très sociables.
Pendant la mue et l’hiver, des groupes de centaines, voire de milliers d’oiseaux peuvent se former. Si un tel groupe de cygnes hivernants est situé près d’une ville, alors les cygnes de Bewick peuvent devenir extrêmement dociles. Ceci est aussi le cas au Wildfowl and Wetlands Trust (Slimbridge). Parfois on peut observer des cygnes de Bewick parmi des groupes de cygnes sauvages.
Reproduction
Vers la mi-février / début mars, souvent plus tôt aux Pays-Bas, les cygnes de Bewick quittent les aires d’hivernage en petits groupes pour migrer vers les aires de reproduction. Pendant la migration ils s’arrêtent régulièrement dans des aires de repos convenables. L’arrivée à l’aire de reproduction se situe mi-mai / début juin. Là, les couples se dispersent et vont à la recherche d’un territoire approprié. Néanmoins, sur des îles et dans des habitats optimaux, de petites colonies lâches peuvent se former.
Les jeunes cygnes peuvent déjà former des couples pendant le deuxième hiver, mais ce lien nuptial est encore fragile et est généralement rompu l’hiver suivant. Plus tard, un lien plus fort et perpétuel se forge. Le lien nuptial est scellé par une cérémonie de triomphe et entretenu par la répétition régulière de cette cérémonie. Chez les cygnes de Bewick le lien nuptial est si fort que si leur partenaire meurt, il peut se passer jusqu’à trois ans avant qu’un nouveau couple soit formé.
Les femelles nichent à l’âge de trois ou quatre ans, de préférence dans un endroit sec au bord de l’eau, sur une petite île, une crête ou un autre endroit surélevé d’où elles peuvent surveiller les environs. Les deux parents construisent un nid solide d’environ 75 cm de hauteur en forme de cône avec de la mousse, du lichen, du carex ou d’autres plantes présentes, et terminé par un creux au sommet. Certaines femelles utilisent le même nid chaque année.
La ponte commence vers mai-juin. Une ponte complète contient ±4 (3-6) œufs blanc crème, lisses avec une coquille à grains fins. Ils mesurent en moyenne 102,5 x 67,5 mm. La femelle couve, le mâle monte la garde.
Les cygneaux sortent de l’œuf après 29 à 30 jours. Leur duvet est gris clair et blanc, le bec est gris rosâtre et les pattes sont grises. Dès qu’ils sont en forme, ils partent avec leurs parents. Le père Bewick n’hésite pas à chasser les prédateurs d’œufs et de cygneaux tels que le renard arctique, la martre, l’hermine et le faucon gerfaut en s’élançant agressivement sur eux. Pendant ce temps, la mère Bewick peut mettre sa couvée en sécurité. Les parents muent pendant que les jeunes grandissent. Sur les eaux ouvertes les familles forment de grands groupes en mue. Chaque famille constitue une unité distincte au sein d’un tel groupe de différentes familles.
Quand les jeunes sont capables de voler, vers septembre-octobre, les groupes quittent l’aire de reproduction et migrent vers l’aire d’hivernation. Ils s’arrêtent plusieurs fois en route. Les populations reproductrices occidentales font escale entre autres dans les pays baltes et le Danemark. Certaines familles restent quelque temps à un arrêt jusqu’à ce qu’il fasse plus froid. D’autres continuent vers l’aire d’hivernage après une courte pause. Ils y arrivent à partir de la mioctobre. Une famille reste ensemble également dans l’aire d’hivernage.
Cet article vous intéresse ?
- retrouvez l'intégralité de son contenu dans la revue*.- Pas encore abonné à la revue, téléchargez le formulaire ici ou abonnez vous en ligne via notre boutique en ligne
* l'abonnement concerne les N° de l'année en cours, pour les N° d'une année antérieure il faut passer commande au secrétariat par mail à secretariat@aviornis.fr ou appeler au N° 09 63 02 32 55